Réfectoire

À chaque repas, les détenus se réunissent dans ce bâtiment. Les tables ont dix places chacune, d'un côté de la salle mangent les hommes, de l'autre les femmes, afin d'éviter tout débordement. Les jeunes se présentent vers le cuisinier qui leur sert leur plateau à travers une ouverture rectangulaire dans un mur donnant sur la cuisine.

Anya :

J'arrivais dans le réfectoire. Il n'y avait que peu de monde. Je fis la queue, et reçu mon plateau. Repas non identifié. Je fronçais le nez, ne désirant pas manger ça. Je m'installa à une table vide et posa mon plateau. Bien sur, hommes et femmes étaient séparés. Je soupirais, tentant de détailler l'étrange bouillie servie. Et attendant de voir si je m'entendrais avec d'autres personnes.

Alan, suivant le groupe, alla donc prendre son plateau. Il remercia le cuisiner d'un vague signe de la tête, avant de poser son plateau au bout de la table réservée aux détenus masculins. Mais pourquoi toujours séparer les détenus en fonction de leur genre ?
Il baissa les yeux vers son plateau et, soudainement, sa faim se coupa. Tiens, il allait certainement perdre trop de poids, durant ces deux prochaines années.

Jason prit un plateau et fit la queue. Il ne remercia même pas le cuisinier qui lui servait son repas, décidant qu'il ne le méritait pas, vu la substance qu'il lui servait. Il sourit en coin en l'entendant marmonner, et il alla s'asseoir en face d'Allan. Il regarda le contenu de son assiette. Jamais il n'avalerait cette bouillie immonde.

Lola suivit les autres et prit son plateau. Comme les autres détenus, le cuisinier lui servit son repas. Elle le remercia brièvement et alla s'installer sur la table réservée aux femmes. Pourquoi séparer les femmes des hommes ? C'était stupide. Malgré sa faim, elle n'avait plus aucune envie d'avaler quoi que ce soit, pas même un de leurs morceaux de pain rassis.

La jeune femme renifla avec dégoût les vapeurs émanant du réfectoire avant même d'avoir pénétré à l'intérieur. Elle se demandait quelle sorte d'aliment pouvait bien sentir ainsi. Évidemment, elle était en prison, il ne fallait pas s'attendre à un vrai repas. Et son impression se confirma lorsqu'elle vit une bouillie versée dans une assiette creuse, un verre d'eau et un morceau de viande à l'aspect sec. Sa bouche se tordit et elle dû user de la force afin de soulever son plateau en métal. Quelle torture !
Elle balaya la pièce du regard et partit s'asseoir dans un coin, sur la table la plus au fond.

Alan regardait le plat, pas convaincu. Bon, au moins, il n'avait pas besoin de manger beaucoup, avec son gabarit. Mais tout de même... A côté, les vieux restes douteux que son père le forçait à avaler semblaient presque appétissant. Il soupira, plantant sa fourchette en plastique dans la bouillie, sans l'intention de porter le couvert à ses lèvres. Le blondinet releva les yeux vers Jason, installé en face de lui.
- Appétissant, hein ?

Jason grogna. Il était en colère, et ça se voyait.

"C'est dégueu'."

Il essaya néanmoins de mordre dans le morceau de pain dur, et le recracha dans son assiette. Il but l'eau, mais ne mangea rien. Il leva les yeux vers Alan, qui ne semblait pas non plus vouloir manger.

_________

Lola ne toucha pas à sa bouillie, mais mangea quand même le morceau de pain, et manqua de se casser des dents, tellement il était dur.

Alan soupira. Il n'était pas solide du tout, il devait manger si il ne voulait pas s'effondrer dans quelques heures. Le blond prit le morceau de pain rassit, et le fixa quelques secondes.
- Qu'est ce que ça leur coûterait, de ne pas attendre qu'il vieillisse avant de nous le donner ?
Le jeune homme en déchira un bout, avant de l'avaler sans le mâcher. Il avait besoin de manger, mais pas beaucoup.

Anya :

Je croisais les bras devant mon plateau, seule a ma table. A croire que les filles détenues ici n'allaient pas vers les autres.. Je soupirais, cherchant Nick ou Jesse du regard, mais je n'en vis aucun des deux. Jesse était surement encore trop dangereux pour être avec les autres, et Nick, j'ignorais ou il était aller, ce qui avait le don de me frustrer, de m'agacer. J'observais la salle, laissant mon plateau intact, a part le verre d'eau, que je m'empressais de boire. Je ne voulais pas toucher a cette bouillie. J'allais crever de faim, mais je ne crèverais pas d'une intox alimentaire due a leurs repas juste.. Déguelasse.

Nicolas

J'arrivais à mon tour dans le réfectoire. Le cuisinier me tendit mon repas et je fixais cette bouillie, perplexe. Qu'est ce que c'était que cette merde? Je lui arrachais presque mon repas des mains, en colère. Je ne m'attendais pas au grand luxe mais à un truc à l'aspect mangeable. Je m'assis à une table avec d'autres garçons, Alan et Jason, et posa mon plateau brutalement. Je regardais les deux hommes tour à tour et les salua.

Anya :

Je jetais a nouveau un coup d'oeil aux alentours et aperçu Nick, avec Jason et Alan si mes souvenirs étaient bons. Je soupirais. Ok, seules les filles s'installaient toutes a l'opposé. Non pas que ça me gêne, je suis pas du genre a me balader avec une clique a ma suite, mais la compagnie ne ferait pas de mal. Surtout ici..

Alan soupira, et déposa le bout de pain sur son plateau. Il soupira de nouveau.
- Le pain est vieux, mais mangeable, c'est déjà ça. On ne peut pas passer les prochains mois sans rien manger. Quoique... Si certains s'évanouissent, ils seront obligés d'y remédier, non ? Nous sommes mineurs, il doit y avoir des.. normes, pour ne pas nous laisser agoniser...
Le bond réfléchissait, il avait au moins ça pour lui.

Nicolas

Je soupira en entendant les propos d'Alan. Ce n'était pas une prison, mais le début de mon enfer. Sevrage de drogue sans bouffe potable. Génial.
- Je ne sais pas. Je pense qu'ici, ils s'en foutent des normes. Ils font leur loi et s'en foutent de ceux qui suivent, ou non.
Je pris ma fourchette et chipota un peu dans mon assiette. Mon ventre gargouilla, malgré la bouffe surement immonde qui gisait sur mon plateau. Je piocha une petite portion de la nourriture et l'examina un peu avant de la goûter. Elle ne semblait pas seulement immonde, elle était vraiment dégueulasse. Je fis une grimace de dégoût et avala avec difficulté.
- Si le pain est potable, ce ... truc ne l'est pas.
Je bu de l'eau pour faire passer le goût de la bouillie qui régnait dans ma bouche.

Le jeune homme hocha la tête.
- Ce n'est même pas sensée être une prison, mais un centre de redressement pour mineurs. Mais si, pendant les visites, on dit tout cela et que nos proches appellent à ce sujet et exigent une inspection, elle devra être faite, non ? Je n'ai que ce n'est que de la théorie, mais c'est ce qui est prévu dans les lois.. Il ne peuvent pas laisser des mineurs agoniser, non ?
Le blond reprit un tout petit bout de pain, et sourit légèrement en voyant la grimace de dégoût de son interlocuteur.
- Je m'en doutais. Mais je ne mange pas beaucoup, de toutes manières. Si vous n'avez pas assez de choses potables, qui se résument apparemment au pain et à l'eau - je pourrai facilement vous en donner la moitié..

Nicolas

Je repoussa l'assiette dans le coin de mon plateau. Même l'odeur me dégoûtait, à présent. Je souriais en entendant la remarque d'Alan. Contrairement à moi, sa présence ici n'était pas justifiée. Il a l'air tellement ignorant par rapport à la drogue et la prison.
- Ecoute, chacun d'entre nous est ici pour vols aggravés, meurtres ou trafics. Tu crois franchement qu'on va améliorer notre condition de vie, même si on se plaint? Les flics se protègent entre eux. L'inspection n'aura jamais lieu. Et ils ne te laissent pas agoniser, on te donne à manger. C'est toi qui choisis de te nourrir ou non.
Je pris mon pain et me mis à le manger, le dégustant presque, malgré son goût rassit.
- Je n'aurais jamais assez de choses potables, ici. Mais un conseil, si tu ne mange pas assez, d'autres vont te bouffer.

Le jeune homme hocha un peu la tête. Il était surpris par la dureté des propos de son interlocuteur, mais les écoutait avec attention.
- Mais.. Même pour une question d'apparence, ils ne peuvent pas laisser passer cela, non ? Si nombreux sont ceux qui portent plaintes, les associations insisteront ?
Captant ensuite le regard du brun, il baissa un peu les yeux, laissant un rire nerveux passer la barrière de ses lèvres. Merde, c'était toujours ainsi.
- Je suis trop naïf, c'est ça ? Mais.. Je pensais que ce serais loin d'être comme dans les films, que ce serait contrôlé, correct. Mais.. Peut-être qu'on le mérite, si on est ici.
Il prit un peu plus de pain, sans grand appétit.
- Je sais. C'est juste que je n'ai jamais eu un grand appétit, et que j'ai moins besoin de manger que quelqu'un avec un gabarit comme le tien. Alors autant que ce soit utile.

Anya :

J'allais finir par vomir ici : les vapes d'odeur de ces plateaux étaient infects. Je baissais les yeux dessus, après avoir ingérer deux ou trois petits bouts du pain : je me saisis du plateau, me levais, et je le déposais a l'endroit ou on les récupérer pour les laver. Je balayais le côté des filles du regard, puis celui des garçons, et sorti sans attendre, la première, ne souhaitant pas rester ici. Les tremblements de mes mains avaient repris de plus belle, aussi tentais-je de les diminuer, tout du moins les rendre moins visibles, en serrant les points, avant de pousser la porte du réfectoire pour aller je ne sais ou. Je ne savais plus.

Nicolas

- Les conditions des prisons n'ont jamais été améliorées .. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui, tout changerai. On est vu comme des marginaux, d'autres comme des bêtes de foire. Peu s'intéressent vraiment à ce que l'on vit. C'est vrai que tu es un peu naïf, tu ne connais pas la drogue, je pense que tu n'as jamais pris de cuite non plus ... Je me demande vraiment pourquoi tu es ici.
Je soupira légèrement. Je n'avais que 6 mois ici, après, direction la vraie prison. Je me demandais si c'était pire qu'ici.
Je finis mon pain et mon verre d'eau et soupira de nouveau.
- Donne le à qui tu veux si tu es sûr de ton choix.

Alan ne voulait pas être prit en pitié, pas encore. Alors il répondit tout simplement. Il ne voulait pas être le gosse qu'il fallait protéger.
- Je.. Je vois. Meurtre. Non, parricide. Je reste ici jusqu'à ma majorité, et je serai jugé de nouveau après.
Malgré ce qu'il voulait, sa voix était plus honteuse que dure. Mais il ne rajouta pas de détail. En seize ans d'existance, il n'avait jamais parlé à qui que ce soit des traitements infligés par son père. Du moins, pas des viols. Surtout pas de ça.
Il avait une boule dans l'estomac, lui coupant toute envie de manger.
- Tu en veux ?

Nicolas

Je ne chercha pas à insister sur la raison qui l'a amené ici. De toute évidence, il ne voulait pas en parler. Il semblait même en avoir honte. Je fronça les sourcils. Soit il l'avait dans une pulsion de colère, mais je ne le vois pas du tout se mettre dans un tel état, soit c'était un accident ou à la rigueur de la légitime défense. Mais à ce moment là, il ne serait pas ici ... Sa présence ici était incompréhensible.
- Je veux bien. Merci.

// Bonne nuit!

Alan était sincèrement soulagé que Nicolas ne lui pose pas plus de questions là-dessus. Alan avait déjà assez de mal à dire ce qu'il avait fait, alors faire face à des questions... C'était trop pour lui, beaucoup trop. Il se réveillait souvent en sueur, imaginant le retour de son père, alors en parler était tout bonnement impossible. Il ne tenait pas à expliquer.
- Tiens.
Il lui tendit ce qu'il restait de son pain, soit une bonne partie. Pour une fois, avoir un petit estomac l’avantageait.

/ Bonne nuit

Jason écouta la conversation des deux garçons après avoir salué Nicolas, sans rien toucher de son repas, si ce n'est que l'eau. Il préférait mourir de faim plutôt que d'avaler cette chose immonde. Le blondinet avait un bon raisonnement, mais ici, il n'en était rien.

Lola mangea son pain. A l'orphelinat, les repas lui étaient souvent interdit suite à ses bêtises, et elle était habituée à ne pas manger beaucoup. Elle avait adopté ce mode de vie.

Clara
J'étais là en train de manger le pain, la seule chose potable

Nina croquait doucement dans le bout de pain, grignotant la mie qui s'effritait à chaque coup de dent. Elle fixait un point invisible au loin, pour tenter de penser à cette nourriture infâme qui lui retournait l'estomac. Puis elle se lécha discrètement la lèvre afin d'en ôter les miettes. Elle prit sa cuillère et remua la mixture d'un air perplexe. Mange Nina, mange, tu dois prendre des forces, se disait-elle.

Jason décida d'aller reposer son plateau et retourna s'asseoir, attendant qu'on lui dise où il fallait aller.

Lola regarda autour d'elle, cherchant l'endroit où mettre son plateau après avoir fini de manger.

Oliver débarqua enfin, arrivant un peu en retard pour le repas. Malgré tout, un plateau lui fut tout de même attribué et - sans plus de politesse- il alla s'asseoir avec des jeunes gens qu'il ne connaissait pas ,alors qu'un mince sourire se dessinait sur ses lèvres charnues.
- Nouveaux, je suppose ?
Lui était ici depuis deux ou trois bonnes semaines.

Jason leva la tête, entendant quelqu'un prendre place à côté de lui. C'était un mec, naturellement. Brun. Il hocha la tête.

"Yep'."

Il avait l'air de connaître un peu plus l'endroit, contrairement aux autres, i compris Jake.

Oliver sourit un peu, d'un air amusé, avant de croquer dans son bout de pain.
- Oli', enchanté. Vous devriez avaler cette chose, si vous ne voulez pas mourir de faim après une semaine. Avoir de la vraie nourriture n'est pas compliqué, mais il faut des relations.
Ses phrases étaient assez simples, et ses erreurs de prononciation nombreuses, sans parler de son accent britannique plus que présent. Il ne maîtrisait absolument pas la langue française, et ça se voyait.

Jason hocha la tête à plusieurs reprises, tout en constatant qu'Oli' n'était pas français, mais anglais. Son accent britannique ne trompait personne. Il sourit en coin."

"Jake. Plutôt mourir que d'avaler ça."

Oliver sourit très légèrement.
- Je doute que tu sois capable de te procurer de la vraie nourriture, dont tu auras juste le choix entre mourir de faim et prendre cette chose.
Et pourtant, lui ne prenait que du pain. Après tout, à partir du moment où on pouvait vendre son corps pour arriver à ses fins, gagner un peu de vraie nourriture ainsi n'était pas très compliqué.
- Donc, Jake, pourquoi tu es ici ?
Il avait envie de parler, même si son accent rendait certaines phrases difficilement compréhensibles.

Jake dut déchiffrer non sans difficulté certaines de ses paroles, à cause de son fort accent qui ne le rendait pas toujours compréhensible. Le jeune homme leva les yeux au ciel aux propos d'Oli'. Il choisissait de mourir, c'était mieux ainsi. Oui, il avait décidé de jouer les rebelles.

"Trafic de drogue. Et toi ?"

Il sourit en coin.

Oli replaça correctement la tignasse sombre, afin qu'elle ne gêne pas trop sa vision. En vain, d'ailleurs, mais c'était sans importance.
- Etre la pute d'un flic alors que je suis pas rentré très légalement dans ce pays n'était pas très malin. Comme quoi, même les bons clients peuvent nous vendre.
Le brun haussa un peu les épaules, finissant son pain, habitué à son goût peu plaisant.
- Trafic ? Comment tu t'es fait chopper ?

EDIT : J'oublie des mots, c'est magnifique

La pute ? Jake mit un moment avant de comprendre ce que cela voulait dire. Bien que cela était peu fréquent pour un homme, il avait vendu son corps dans l'unique but de manger et se loger. Jason pensait qu'il y avait d'autres moyens de gagner de l'argent, sauf lorsqu'on était en fuite. Il haussa les épaules.

"Quartier trop surveillé. A la base, c'était juste un coup de feu quelques rues plus loin. Et ça a dégénéré, c'est tout."

Dans la prostitution, Oliver avait trouvé un moyen de gagner de l'argent tout en continuant ses voyages dangereux et clandestins, tout en rajoutant un peu de frisson. Après tout, qui lui disait que ses clients n'étaient pas de dangereux criminels ? Bon, en effet, il était peut-être un peu hybristophile sur les bords.
- Ah, c'est dommage de se faire prendre de manière aussi bête. Tu en as pour combien de temps ?
Hum, il pouvait parler, lui.

Jason sourit.

"J'sais pas. Peut-être 2 ou 3 ans. Mais je serai jugé à nouveau à ma majorité. Et toi ?"

Aliver haussa un peu les épaules.
- Je suis sensé être jugé de nouveau à ma majorité, mais si je tombe sur les bon types, je pourrais partir de ce pays sans problèmes. Peut-être pour aller en Allemagne, je ne sais pas.
Il esquissa un sourire.
- Il y a certains avantages à être capable de se vendre, comme tu peux le voir. Si tu veux de la vraie bouffe, un ou deux garde pourra t'en amener contre des services. Mais je suppose que ce n'est pas ton genre d'activités ?

Jason comprit où il voulait en venir, et il rit.

"Non, en effet. Et même si c'étaient mes 'activités', je ne me vendrais pas pour de la bouffe, mais l'idée est tentante."

Le jeune homme haussa les épaules, l'air amusé. Il parlait d'un ton léger, se permettant plusieurs fautes de syntaxe.
- Au moins, ça marche. Il y en a partout, des types qui seraient près à tout pour toi si tu les aide à soulager leur libido. Largement assez pour te tirer de la plupart des mauvais pas, en tous cas. Mais si ce n'est qu'un peu de trafique, tu ne devrais pas en avoir pour longtemps.

Jason hocha de nouveau la tête, puis sourit, encore :

"Qui te dit pas que soulager leur libido suffirait à profiter de nous sans pour autant nous satisfaire, nous ?"

Il soupira.

"C'est déjà trop pour moi d'être ici."

Oliver souriait très légèrement, bien amusé. Tout cela l'occupait un peu, lui qui n'avait jamais supporté l'ennui.
- Pour ça, il faut se débrouiller un minimum et je t'assure que, dans l'espoir d'un deuxième service, ils ne chercheront pas à te contrarier.
Le jeune homme but le verre d'eau sur son plateau.
- On s'y habitue vite. En revanche, les drogués souffrent.

Jason haussa les épaules, peu convaincu. Peut-être qu'il essaierait, un jour, bien qu'il n'était pas bisexuel. En entendant le mot 'drogué', le jeune homme se rendit compte que ses tremblements ne cessaient pas. Ils ne l'avaient jamais quitté. Cela devenait de plus en plus douloureux, de plus en plus pénible. Il s'efforça de ne pas y penser. Il dit, la mâchoire serrée :

"Sans blague."

Oliver haussa un sourcil,ne comprenant pas les mots.
- Sans blague ?
C'était une expression française, dont il ignorait totalement le sens. Etre étranger avait parfois de mauvais côtés. Très souvent, même. Ce genre de situation était plus que courant, malheureusement.
- Juste, au cas où, je cherchais évidemment pas à te convaincre, évidemment. La majorité des gens ne supportent pas de le faire. Et pour ce qui est de la drogue, tu vas galérer, si tu veux t'en procurer.

Le grand brun avait oublié qu'Oli' ne parlait pas français, et il ne connaissait probablement pas cette expression. Il allait lui expliquer quand il rajouta quelque chose. Jake haussa les épaules.

"Je sais. Mais j'ai des contacts, ils pourront peut-être m'en remmener discrètement."

Il avait baissé la voix, juste au cas où, puis il reprit une voix normale.

"Mouais. Je pense que si je n'avais pas le choix, je le ferais."

Oli, comme pour s'occuper les mains, plongea ses couverts en plastique dans la mélasse qui leur servait de nourriture. Sans rien avaler, évidemment.
- Prends-en plus, ça pourra te servir de monnaie d'échange en cas de besoin.
Le brun esquissa un sourire.
- Tu verras bien si ça arrive

Jason sourit, observant la bouillie dans l'assiette de son interlocuteur.

"Ouais."


je déco', je ne sais pas si je reviendrai ce soir.

Oliver mélangeait un peu l'étrange mélasse, pour s'occuper les mains. Même si ce n'était que de petits détails, ça l'occupait.
- Cet endroit est horriblement ennuyeux. L'ennui, c'est certainement la pire chose, ici.Bien pire que la bouffe dégueulasse, les gardes violents, ou autre.

Jason acquiesça. Il était entièrement d'accord avec lui.

"C'est vrai."

Oli' soupira, ne trouvant rien d'autre à faire que de touiller sa mélasse.
- Et si tous les nouveaux ont aussi peu de conversation que toi, ça va être pire. C'est plus drôle quand on accueille de tueurs ou d'autres malades. Au moins, il y a de quoi s'occuper.

Le jeune homme, très susceptible, se leva brusquement de sa chaise. Un rien pouvait l'énerver, avec son manque qui lui tordait le ventre. Il chopa Oliver par le col et le leva lui aussi.

"Répète ça."

Oli sourit un peu, amusé.
- Et bien voilà ! Tu es moins chiant, comme ça ! Donc, dans ma grande générosité, je vais répéter : Si tous les nouveaux sont comme toi, l'endroit n'en sera que plus ennuyant.