Chambre de Nina

Cette chambre est assez spacieuse, cependant, on s'y ennuie énormément. Le seul avantage représente le lit confortable. Une longue fenêtre donne sur le couloir : on y place souvent les détenus à l'esprit fragile, dont les fautes sont minimes, afin de les surveiller.

La porte s'ouvrit, et les policiers plaquerent Nina sur le lit. Elle sentit qu'on dégageait ses bras, retirait les menottes en métal qui l'entravaient. Soudain, ils reculerent, et sortirent de la cellule. Le son d'une porte que l'on verouille hanta l'esprit de la jeune fille durant de longues minutes. Elle se recroquevilla sur le matelas, le souffle court, alors que de lointains cris s'élevaient du couloir. Des larmes brûlantes inonderent son joues pâles.

Nina sursauta violemment lorsque sa porte s'ouvrit à la volée une heure plus tard. Tout le monde s'agitait, il s'agissait de l'heure de la sortie,comprit-elle. Elle revêtit la tenue obligatoire, une sorte de combinaison sobre, et sortit lentement dans le couloir.

La jeune Nina se réfugia sous sa couverture, tandis que la gardienne qui l'avait trouvée brisée à même le sol refermait la porte à double tour. Toujours ce son d'enfer. Bientôt, elle aurait oublié la couleur du ciel. Elle se mit à murmurer dans un gémissement "Orlane" entre malédiction et tristesse. Elle avait beau la haïr pour l'avoir entraînée, elle maîtrisait mal son désespoir, sachant qu'elle ne la reverrai jamais. Ce n'était pas un doute, mais une certitude. Elle avait joué avec le feu et s'était brûlée, tout cela n'était que son châtiment bien mérité. Les larmes lui picotaient les yeux alors que la nuit tombait et que tout le centre retombait dans un silence macabre.

L'adolescente était restée en position foetale durant toute la nuit, peut-être même plus, elle ne savait pas, elle ne savait plus. Depuis combien de temps était-elle ici ? Depuis des années, des joues, ou quelques heures ? La notion du temps lui échappait déjà. La prison semblait calme, sans bruits, sans cris, rien, absolument rien. Elle en déduit que d'autres devaient être sortis pour que tout soit si silencieux. La jeune femme se leva machinalement, vidée d'énergie, se recoiffa, ne voulant pas apparaître les cheveux ébouriffés comme si elle avait prit une décharge électrique, et frappa à sa porte longtemps, jusqu'à ce qu'une gardienne lui ouvre et l'accompagne à la salle commune.